Le site de Sullivan Le Postec, scénariste et réalisateur, créateur de la série Les Engagés.

12 Jun

12 juin 1994 / 12 juin 2014: 20 ans de The X-Files en France

Publié par Sullivan Le Postec  - Catégories :  #Série, #The X-Files, #Journalisme, #Chris Carter, #Moi ! Moi ! Moi !, #Daily Mars

Ce 12 juin marque le vingtième anniversaire de la diffusion originale du Pilote de The X-Files sur la chaîne M6. 20 ans, déjà.

Cela pourra sembler étrange mais, près de vingt ans plus tard, je garde des souvenirs précis de la soirée du dimanche 12 juin 1994. J’avais alors 14 ans. Je me revois dans le canapé du salon de mes parents, dans leur maison Bretonne, au moment où, pour la première fois, vers 19 heures, mon écran de télévision afficha un large X stylisé et le titre « Aux Frontières du Réel » – c’était avant que la série ne devienne un tel phénomène mondial qu’M6 se sentit obligée de faire apparaître le titre original, The X-Files, autour duquel elle axa sa communication par la suite.
Je crois que l’on se souvient toujours avec une précision alarmante des moments qui changent votre vie.

Bien sûr, X-Files n’est qu’une série télévisée, une œuvre de fiction, un divertissement. Pourtant, il n’est pas déraisonnable d’écrire qu’elle a changé ma vie. Je l’ignorais encore ce dimanche de juin, mais elle allait m’ouvrir un monde nouveau, stimuler ma réflexion, me faire m’intéresser plus que jamais auparavant à l’écriture scénaristique, à la réalisation, à la production. Elle allait stimuler ma nature passionnée, me pousser à me documenter, me faire écrire, lire, échanger, communiquer. Elle allait me faire rencontrer de nouvelles personnes, changer mes relations. Puisque la série m’a conduit à me connecter à Internet dès la fin des années 90, à l’heure où il était encore un réseau pour initiés, ces échanges n’ont jamais été limités par l’environnement morne qui était alors le miens. X-Files n’a jamais été pour moi une prison intellectuelle, une façon de m’enfermer ou de m’isoler, comme le voudrait la caricature usée du fan de série télévisée dont la France a du mal à se débarrasser. Elle aura, au contraire, été une ouverture constante aux autres et au monde. Je suis convaincu que cela ne tient pas qu’à ma propre personnalité mais bien, aussi, à la nature de la série elle-même, à son goût pour les puzzles, les énigmes et les clins d’œil.
Il n’est probablement pas anodin que le seul souvenir de cette période plus précis que le visionnage de l’épisode pilote lui-même soit celui de l’après-midi du lendemain, pendant lequel je mis à profit la récréation pour discuter de la série avec deux amies, devant la porte de la salle du cours de dessin. Déjà, j’avais envie de partager avec elles mon enthousiasme pour ce nouveau programme qui m’avait passionné pendant une heure.

Je suivrai toute la première saison avec un intérêt constant. A vrai dire, pourtant, la diffusion de la série tombait mal : entre 19 heures et 20 heures chez moi, à cette époque, c’était l’heure du repas. Au début, je mangeais à toute vitesse pour en rater le moins possible. Très rapidement, je pris l’habitude d’enregistrer l’épisode pour ne plus rien en rater du tout. Souvent, même j’en profitai pour le regarder une seconde fois dans la semaine.
Quand, en octobre, M6 diffusa ‘‘The Erlenmeyer Flask’’ [1.24], le final de la première saison, je passais l’heure assis au bord de mon fauteuil, passionné. Mais, en l’absence de toute communication autour de la série, et parce que c’est ce que semblait indiquer l’intrigue, j’étais persuadé d’avoir assisté au tout dernier épisode.
Je n’apprendrai l’existence d’une suite que lorsque mon programme télé en annoncera la diffusion, à partir du mois d’aout 1995, le vendredi à 22h30. Ces premiers épisodes de la deuxième saison, et notamment ceux de l’enlèvement de Scully, font de moi un fan. Ce seront les premiers épisodes que je n’effacerai pas sur mes cassettes. Je ne suis pas le seul : l’audience décolle. M6 décide de tester la diffusion de la série en prime-time en profitant de l’épisode en deux parties ‘‘Colony/En Game’’ [2.16/17]. Dès la diffusion de cette saison terminée, la chaîne française entame, en janvier 1996, une rediffusion en première partie de soirée. J’en profite pour enregistrer tous les épisodes. Bientôt, ma chambre se transforme en réserve de cassettes vidéo. Si mes parents s’en réjouissent peu, mes archives feront en revanche la joie de mon Lycée, dont je deviens le fournisseur officiel...

Car, en ce qui me semblera être un instant, ce petit truc confidentiel que moi seul semblait regarder devint le phénomène des années 90. Avec cette diffusion à 20h45, dans une case appelée par M6 les « Samedis Fantastiques », X-Files est devenue grand-public. La presse s’empara du phénomène. Pas seulement les magazines spécialisés, comme les mensuels Mad Movies ou L’Écran Fantastique, mais aussi les hebdomadaires de programmes télé. Comme certains autres des fans de la première heure, j’aurais pu me sentir dépossédé de l’objet de ma passion et l’abandonner peu à peu au moment où Télé 7 Jours et les autres se sont mis à afficher David Duchovny et Gillian Anderson en couverture. Sauf que j’avais envie de partager. Le succès de la série serait pour moi un bonheur considérable.

Derrière l’écran, se cachent d’autres histoires. Celle des auteurs – scénaristes, réalisateurs, acteurs – qui lui ont donné vie, et de leurs aspirations et intentions. Celle de la mythologie, vaste intrigue feuilletonnante, première en son genre, colonne vertébrale du récit, dont le sens a souvent été volontairement obscurci. Celle aussi des coulisses de la production, de ses batailles et retournements… The X-Files me parait suffisamment importante dans l’histoire de la télévision pour qu’on en conserve la mémoire. C'est en voulant apporter ma pierre à cet édifice que j'ai passé mon été dernier à raconter l'histoire de X-Files en 20 épisodes. Des textes toujours en ligne au Daily Mars :

12 juin 1994 / 12 juin 2014: 20 ans de The X-Files en France

Comme je l'ai évoqué (The HD Files : vers une redécouverte de la série culte), 20th Television travaille actuellement à la création de nouveaux masters HD pour la totalité de la série, ce qui inclue la recréation de certains effets spéciaux. La redécouverte intégrale en Blu-ray ne saurait donc trop tardé. Pour avoir vu le premier épisode en haute-définition, c'est une nouvelle expérience excitante qui nous attend.

12 juin 1994 / 12 juin 2014: 20 ans de The X-Files en France
Commenter cet article
N
tiens moi aussi je me rappelle des debuts de aux frontieres du reel...<br /> <br /> je sais plus si j'ai vraiment vu le premier episode quand ca passait le dimanche a 19h mais j'y suis venu assez vite...<br /> j'aimais deja beaucoup les series tv (a l'epoque code quatum, highlander...) mais c'est la premiere (avec urgences) a passer en prime...<br /> <br /> et c'est le choc !<br /> deja coment on peut diffuser une serie comme ca en france a 19h le dimanche en plein repas ? ils sont fou chez m6...j'ai encore des souvenirs d'episodes ou je mangais pas des masses apres...(toums, les luciolles...)<br /> <br /> ahhh, la trilogie du samedi...le cameleon, x files, buffy... avec a l'epoque un seul episode par semaine...
Répondre

Archives

À propos

Le site de Sullivan Le Postec, scénariste et réalisateur, créateur de la série Les Engagés.