Appelez-moi Antoine (spectacle Kalon Kleze, 2000)
Spectacle de rue en 11 scènes réparties sur deux jours, écrit en 2000. Joué par la troupe d'Hennebont Kalon Kleze. Alors que son père revient lui annoncer son prochain mariage arrangé, Eléonore de Coëtquedic disparaît. Pendant ce temps, l'arrivée à Hennebont d'un mystérieux Alchimiste agite les lieux...et provoque la colère du Chambellan.
En juillet 1997, se montaient les premières Fêtes Médiévales d'Hennebont. A partir de l'année suivante, je commencerais à y participer en jouant dans des fabliaux ou en faisant de la figuration dans les spectacles professionnels.
En 1999, se monte un embryon de troupe d'arme amateur locale dont je fais partie. Celle-ci décollera réellement l'année suivante sous l'impulsion de Pierre Denos. Elle prend le nom de Kalon Kleze. Nous commençons notre travail pour les Fêtes de juillet 2000 dès septembre 1999. La méthode de travail est simple: tout en veillant à maintenir du mieux que nous le pourrons un certain niveau de résultat, il s'agit de se faire plaisir. Et de ne pas avoir peur d'être ambitieux.
L’Écriture
En plus de l'animation d'un camp d'arme, nous souhaitons proposer des scènes de théâtre de rue qui l'animeront, ainsi que le reste de la ville. La conception originale de l'histoire par la Troupe est simple: elle consiste à empiler les envies. Envie de jouer tel personnage, envie d'une scène d'attaque de prison, envie de...
Après une première réunion où chacun aura exposé ses désirs, je reviens à la réunion suivante avec une proposition d'histoire reliant toutes ces envies. L'ensemble est composé de 17 (!) scènes de rue. Avec le recul d'aujourd'hui, sachant à quel point nous en avons bavé pour monter les 11 scènes du projet final, ce chiffre me fait froid dans le dos! Nous resterons sur les bases de cette histoire malgré quelques modifications en cours d'année, un jour rajoutant un personnage après l'arrivée d'un nouveau membre dans la Troupe, un jour en supprimant un autre - ou le changeant de sexe - pour palier à un départ non prévu. Ça n'a pas été une année de tout repos!
Il me semble que j'ai du livrer les premières scènes vers la toute fin 1999. Mais beaucoup se feront attendre plus longtemps. L'écriture de la fin du spectacle se fera dans une panique générale. Je livre la dernière salve de scènes, mi-mars, d'après mes fichiers, à une troupe déjà un peu débordée et pas très encline à apprendre ses textes. Il faut dire que les-dits textes, suite sans fin de monologues interminables et de dialogues tellement mauvais qu'on les croirait parodiques (à cet égard, la toute dernière scène est un sommet!) sont pas loin d'être impossibles à apprendre.
C'est rien à coté de ce que j'infligerai à Gaël, qui joue le Hérault chargé de rabattre la foule et de résumer l'action aux spectateurs (nous n'avons en effet jamais poussé l'inconscience jusqu'à croire que qui que ce soit pourrait suivre le spectacle du début à la fin). Ses ONZE monologues explicatifs seront écrits en juillets, à trois ou quatre semaines de la représentation. Un pur acte de cruauté involontaire!
La Représentation
Tant bien que mal, l'ensemble des scènes sera jouée, parce que je ferai le grincheux et refuserai d'en supprimer (c'est devenu impossible sans remettre en cause la cohérence de l'histoire). La scène 6 de l'attaque de la prison sera malgré tout reportée du samedi soir au dimanche matin - une autre occasion pour moi de faire le grincheux.
Mes souvenirs principaux de ce spectacle ne portent pas tant sur son écriture, d'ailleurs, que sur la représentation en elle-même. Je joue le rôle de Charles de Gwallcor, un méchant boiteux à la Iznogoud, absolument jouissif à interpréter. C'est pas tous les jours qu'on vous propose de passer deux jours à être désagréable, méchant, et à aiguiser des dagues en menaçant des pucelles... Je ne m'étais cela dit pas fait que des cadeaux: je suis dans dix des onze scènes qui furent jouées, j'ai quelques uns des dialogues les plus ridicules à assumer (la scène finale, encore) et je passerai deux jours à courir partout dans une pression permanente (au point de ne plus vraiment avoir à jouer le coté désagréable...).
Le Texte
Je crois que j'ai été clair sur sa qualité... L'objectif était d'écrire une histoire grand-public pleine de rebondissements et de personnages forts, amusants à interpéter. La subtilité était accessoire. Les premières scènes tiennent mieux la route que les dernières, écrites en mode TGV, et dont les dialogues sont ignobles (franchement: j'ai honte).
Première grosse histoire, première occasion de voir mes textes joués... Une expérience essentielle en terme d'apprentissage. Je vous jure qu'après avoir subi plusieurs répétitions des dernières scènes, vous surveillez vos dialogues jusqu'à la fin de vos jours!