Avant-premières: Cortex & Il Y A Longtemps Que Je T'Aime
J'ai pu voir deux films en avant-première récemment. Et ce fut un petit et un gros coup de cœur.
Cortex
De Nicolas Boukhrief.
Sortie le 30 janvier 2008.
Un flic retraité (Dussolier), à la mémoire défaillante, intègre une maison de repos spécialisée où il se retrouve au milieu d'autres patients tous atteins de la maladie d'Alzheimer comme lui. Il commence à suspecter que des crimes s’y déroulent. Il décide de mener l’enquête…
C'est un film que je suis vraiment content d'avoir vu dans le cadre d'une avant-première en présence du réalisateur. Parce que c'était l'occasion de me rendre compte que tous les parti-pris du film, y compris ceux auxquels je n'ai pas forcément adhéré sur le coup, étaient réfléchis et faisaient parti d'un ensemble cohérent. Et puis Boukhrief était visiblement très passionné par son sujet.
Le mauvais coté du film, c'est qu'à certain moment c'est un peu un téléfilm de luxe (en même temps, par définition quasi-circonscrit au périmètre d'une maison de retraite, c'était difficile de faire quelque chose d'ulta-cinématographique). Le bon, c'est que quand bien même j'étais pas forcément super bien disposé pour voir un film, cela m'a tenu en haleine et le petit suspense maintenu jusqu'au bout du film (vrais meurtres ou construction de l'esprit du personnage de Dussolier?) fonctionne vraiment.
Il y a quelques facilités de scénario, et quelque fois, j'ai vraiment eu le sentiment que les partis-pris évoqués plus haut, notamment celui de coller au plus près à la réalité, et à la non-psychologie des malades d'Alzheimer, allaient à l'encontre de la dramaturgie et de la force narrative du film. Mais au moins le résultat est entier et cohérent.
Il y a Longtemps que je t'aime
De Philippe Claudel.
Sortie le 19 mars 2008.
Les retrouvailles de deux sœurs. L’aînée (Kristin Scott Thomas) sort de prison après avoir purgé une longue peine. La cadette (Elsa Zylberstein) est une mère de famille épanouie, et accueille la première dans sa maison familiale. Tout semble les séparer ou presque…
J'ai vu le film ce soir. J'ai adoré. Sur le coup, je me suis vraiment dit que c'était un film de scénariste. En fait, je viens de voir sur le net que Claudel est un romancier. Mais, pour le coup, le film n'est pas un film de romancier. C'est très écrit, mais c'est un *scénario* brillant, pas une oeuvre littéraire boursouflée de prétention qui fait tout dire aux acteurs au lieu de les laisser jouer. Bref, en terme de réalisation, il n'y a rien de techniquement incroyable à voir, mais ce n'est pas verbeux pour autant.
Le scénario est réellement une merveille. Tout le début du film est tendu autour de la question de savoir ce que le personnage de Kristin Scott Thomas (qui passe la moitié du film sans une touche de maquillage) a fait pour passer 15 ans en prison. Cette révélation secoue et nous fait reconsidérer le personnage, qu'on continue pourtant de suivre dans son évolution subtile et nuancée jusqu'à l'explication finale. Si je chipote, ce serait là le défaut du film : de fournir une explication qui semble peut-être un petit peu facile à l'inexplicable. En même temps, c'est pas du tout surfait et tellement bien amené et bien joué que j'étais ultra-touché.
Le travail sur les personnages est délirant de subtilité et de précision. Les acteurs sont d'une justesse formidable. Tous les acteurs, d'ailleurs, y compris la gamine de 8 ans, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. La balance entre le drame qui est le nœud de l'histoire et les touches de comédie est parfaite. La peinture du parcours d'une femme se ré-acclimatant à la vie en société est convaincant de bout en bout.
J'ai vraiment été impressionné par ce film...