Import Export (Danse)
Cette année, j'ai repris un abonnement à la Maison de la Danse et je n'en avais pas encore parlé ici alors que j'ai vu la dernière des 6 pièces pour lesquelles j'avais pris une place cette semaine. C'est en large partie parce que je n'avais, jusqu'à mercredi, rien vu qui m'ait véritablement soufflé -- même si tous les spectacles étaient de qualité -- et que j'avais le sentiment que la représentation à laquelle je devais me rendre mercredi ferait juste cela.
C'est qu'il s'agissait d'aller voir la dernière création des Ballets C. de la B. dont j'avais déjà été voir, lors de ma première année d'abonné à la Maison de la Danse, "Foi" -- le samedi 18 octobre 2003, ce qui ne nous rajeunit pas. Et "Foi" avait été une de ces expériences qui ne s'oublient pas.
Quelques années plus tard, un tramway tout neuf amène à la salle du Toboggan à Décines. Tramway qui, malheureusement, fut victime d'une panne au moment de rentrer ce qui équivalut à une heure d'attente dans le froid de ce mois d'avril très hivernal où il ne viendrait à personne l'idée de se découvrir ne serait-ce que d'un fil. Mais je m'égare.
Cette année, Les Ballets C. de la B. donnaient Import Export de Koen Augustijnen. Avec "Foi", la pièce partage le cadre urbain, avec ici un contexte industriel accentué ; elle donne à voir un monde contemporain où l'apocalypse aurait en quelque sorte déjà commencé. La violence y est partout, chaque personnage se révélant victime, héros et bourreau, non plus seulement tout à tour, mais parfois quasi-simultanément. Ce monde marginalise chacun de ceux qui l'habitent, et l'impuissance de tous ces désaxés est matérialisé par leurs mouvements : toute velléité de se rebeller se solde en effet par une agitation désarticulée et vaine de pantins pathétiques. Un constat pour le moins désenchanté qui sous-tend cette pièce formidablement évocatrice, d'une puissance sidérante, pourtant toujours accompagnée d'un humour acide, qui évite de repartir avec la nausée, et rehaussée de musique baroque sublime quoiqu'étrangement décalée.
Bref, les Ballets C. de la B. ne m'ont pas déçu.