Jenny Garth a vachement mieux réussi son lifting que Shannen Doherty, mais on n'avait pas forcément envie de le savoir
J'ai été interrogé par Philippe Guedj, journaliste à Télé 2 Semaines, dans le cadre d'un article du numéro 128 sur la tendance des remakes et adaptations de séries étrangères à la télévision américaine, tendance apparue il y a quelques saisons et qui a véritablement explosé cette année.
Je reproduis ici l'article.
TENDANCE
Séries, on prend les mêmes et on recommence
CLONAGE. Aux Etats-Unis, les nouvelles versions des fictions cultes se multiplient. Décryptage d'un phénomène avant la diffusion de 90210, décalque de Beverly Hills, sur M6.
La fabuleuse machine à créer américaine est-elle en passe de se gripper pour de bon ? A chaque rentrée, les chaînes succombent toujours un peu plus au charme de la photocopieuse. A ma droite, les remakes de séries cultes : Le Fugitif (2000), Battlestar Galactica (2004), Kojak (2005) ou encore cette année K2000 en version française et 90210, relecture de Beverly Hills dix-huit ans après. A ma gauche, les versions américaines de fictions étrangères : Ugly Betty, The Office, En analyse, Life On Mars... Y aurait-il une crise d'inspiration outre-Atlantique ? Pour Christine Bouillet, directrice adjointe à la programmation de M6, pas d'inquiétude : cette invasion de remakes est à mettre principalement sur le compte de la grève des scénaristes. « Ils ont posé leur stylo pendant trois mois [du 5/11/07 au 12/02/08, ndlr], en pleine période de développement des séries, rappelle-t-elle, les chaînes ont dû réagir pour alimenter leur grille de septembre, elles se sont donc rabattues sur des formats préexistants plus rapides à développer. Les vraies nouveautés sont attendues en janvier 2009. »
Michael Schneider, journaliste de l'hebdomadaire américain Variety est un brin plus pessimiste : « A part CBS, grâce aux Experts, les chaînes sont toutes en panique. Environ 70% des nouvelles séries lancées l'an passé n'ont pas été renouvelées. Les audiences sont si basses et le public tellement distrait par Internet que le mot d'ordre est d'attirer son attention par tous les moyens. Il faut trouver la série qui va créer le plus gros buzz avant sa diffusion. » Cela augmente les chances de réussite, sans la garantir. « 90210 a, par exemple, joué à fond sur l'effet nostalgie : l'action se déroule dans le même quartier, le même Lycée, avec d'autres personnages, résume Christine Bouillet. Du coup, on s'amuse à repérer les similitudes avec Beverly Hills. » Mais un remake ne garantit pas le succès : Life on Mars est à la peine sur ABC. 90210 réalise des audiences peu glorieuses sur CW (3,5 millions de téléspectateurs en moyenne) et K2000 fait moins de 7 millions sur NBC. Pour Sullivan Le Postec, rédacteur en chef du Village, site spécialisé en fictions (www.a-suivre.org/levillage), pas de doute : la multiplication des remakes est avant tout le symptôme de la fin de l'âge d'or des séries américaines. « Il s'agit souvent de commandes marketing de chaînes, pas d'œuvres d'auteurs. Le dernier grand cru remonte à 2004, avec Lost, Desperate Housewives, Veronica Mars, Battlestar Galactica, Boston Legal... »
Mais depuis, chaque saison est pire que la précédente. « Pour contrer la concurrence du câble et d'Internet, poursuit le spécialiste, les chaînes américaines se sont engagées dans une course effrénée aux reprises ou aux séries à gros concept-gros budget, tout en asséchant l'inspiration des scénaristes. Pour un The Office et un Galactica réussis, qui traitent des problèmes de notre époque, Bionic Woman, 90210 et K2000 sont des séries ringardes et déconnectées du réel. » Pour lui, la grève des scénaristes n'a fait qu'amplifier un malaise créatif plus profond. « Pushing Daisies fut le de dernier cache-misère en 2007. » Combien de temps la fuite en avant des remakes fera-t-elle encore illusion ? « Comme toujours à Hollywood, une tendance chasse l'autre, conclut Michael Schneider. Dès qu'une ou deux nouvelles séries créatives et audacieuses cartonneront, la tendance s'inversera. » Rassurant !