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04 Jul

Just the Doctor: English power

Publié par Sullivan Le Postec  - Catégories :  #Séries, #Critiques, #Doctor Who, #Russell T Davies

La troisième saison de l’incarnation moderne de Doctor Who s’est terminée ce week-end sur un épisode qui prouve, s’il en était encore besoin, que la série conduite par Russell T Davies est l’une des plus importante de la période actuelle.

Doctor Who est une institution puisque la série a démarré en Angleterre en... 1963 ! Elle s’est maintenue à l’antenne jusqu’à la fin des années 80. Un téléfilm co-produit avec les américains tenta de la relancer en 1996. Mais s’il fut un succès en Angleterre, ce ne fut pas le cas aux Etats-Unis, ce qui enterra la tentative. En 2005, la BBC confie les rênes d’un relaunch au génial Russell T Davies, à qui on doit notamment le Queer as Folk original où transpirait déjà sa fan-attitude envers Who. Le génie de Davies, c’est d’être un fan sans être un gardien du temple. Tout en s’inscrivant dans la continuité des séries précédentes, sa version de Doctor Who est résolument moderne – voire post-moderne et se permet quelques changements radicaux. Nul besoin d’avoir vu le moindre épisode des anciens Who pour pleinement l’apprécier.

Doctor Who suit les aventures d’un extraterrestre, de la race des Time Lords, les Seigneurs du Temps. Il voyage dans le temps et dans l’espace au moyen d’un Vaisseau qui peut changer d’apparence pour se fondre dans son environnement, le Tardis. Mais le Tardis de notre personnage, qui se fait appeler The Doctor – ce qui appelle inévitablement la question : «Doctor Who?» et son immuable réponse: «Just the Doctor» – s’est bloqué sur l’apparence d’une Police phone box, une cabine téléphonique spéciale dédiée uniquement aux appels vers la police, évidemment retirées de la circulation depuis longtemps.

Auparavant, le Docteur était plus ou moins un renégat parmi les siens. Dans la nouvelle série, on apprend que la guerre entre les Time Lords et leurs ennemis redoutables, les Daleks, s’est terminée par l’extinction des deux races. Le Docteur est le dernier Time Lord encore en vie. Il erre dans l’espace-temps à bord de son Tardis, déterminé à protéger la Terre, pour laquelle il s’est pris d’une grande affection, contre de multiples tentatives d’invasions extraterrestres. Pour tromper sa solitude, le Docteur voyage généralement avec un Compagnon.

Les Time Lords et le Docteur ont encore une caractéristique majeure : ils peuvent tromper la mort en se régénérant, c'est-à-dire en renouvelant leur corps. A chaque nouveau corps correspondent des variations de sa personnalité. La série actuelle a mis en scène le neuvième (pour sa première saison) et le dixième Docteur (les seconde, troisième et future quatrième saisons).

Doctor Who est une série familiale dans ce que le terme peut avoir de plus positif. C'est-à-dire que la série met un point d’honneur à ce que chacun y trouve son compte : rire, effroi, émotion et réflexion sont au programme. C’est une œuvre très contemporaine, dans ses thématiques, les sujets qu’elle commente (par exemple le poids et l’illusion de la communication politique dans le double épisode final de la troisième saison) mais aussi par le retour fréquent des obsessions de son principal auteur, au premier rang desquelles figurent les cultures populaires.

Surtout, Who s’élève bien au dessus du folklore de SF kitch qu’elle embrasse sans gêne, parce que c’est une série viscéralement humaine. Le Docteur est un personnage complexe, qui cache derrière une jovialité survoltée une face obscure, celle d’un homme parfois dévoré par son envie de vengeance. A ce titre, « Daleks », le sixième épisode de la première saison, est celui où la série s’installe et se révèle complètement, après un premier épisode assez raté et quelques suivants qui progressent petit à petit dans la recherche de la balance idéale entre l’humour et les aspects dramatiques.

Le Doctor Who moderne a donné le jour à deux séries dérivées. Torchwood se centre sur le formidable personnage de Captain Jack, introduit dans la première saison de Who, et plongé dans un univers voulu plus sombre, adulte et sexué que l’original. La deuxième saison est en tournage et devra imposer la série après une première à la qualité contrastée. Le second dérivé, The Sarah-Jane Adventures a seulement vu son premier épisode diffusé, un special programmé le jour du nouvel an, excellent. La série régulière devrait arriver d’ici la fin 2007.

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