Les Anonymes (projet de série drama 52')
Les Anonymes est un concept de série auquel j'ai commencé à à penser à l'été 2009. A cette heure, c'est une base, une demi-page rédigée rapidement qui présente le concept et ses perspectives d'évolution. En février-mars 2010, je me suis attaché à la rédaction d'un dossier de présentation complet. En une douzaine de pages, celui-ci présente la série, ses personnages principaux et récurrents, et propose également un synopsis du pilote et un survol des 12 autres épisodes que pourrait comporter la première saison.
- Le concept
Une petite ville de province. Les employés d'une usine de pièces électroniques, Micro Composants, dite « la Micro », apprennent par les médias que la multinationale à laquelle ils appartiennent s'apprête à annoncer un vaste plan de restructuration. Celui-ci inclut des fermetures de sites et la suppression de milliers d'emplois dans le monde.
Rien ne laissait anticiper la nouvelle. La tension monte immédiatement. La fermeture de l'usine serait une catastrophe: entre les salariés directs et ceux des fournisseurs et sous-traitants, presque toutes les familles du coin sont liés à la Micro. Les Syndicats se préparent au combat. Les employés voient soudain l'avenir s'obscurcir. Les politiques locaux réalisent que leur crédibilité est en jeu – sans parler du financement des collectivités locales.
La fermeture à venir de la Micro est bientôt confirmée comme faisant partie du plan. Des milliers de vies irrémédiablement transformée. C'est le combat de ces anonymes que nous allons suivre...
- Le point sur le projet
Un dossier de présentation d'une quinzaine de pages existe, qui présente le concept, les personnages, le pilote et esquisse les épisodes de la première saison. J'ai appris via la réponse d'un producteur qu'un 8x52' basé sur le même pitch était alors en tournage pour France 2 (l'adaptation par Gérard Mordillat de son livre Des Vivants et des Morts). Du coup ce projet n'a plus de débouché possible et je reproduis l'intégralité du dossier ici.
Les Anonymes
Un projet de série de 52' par Sullivan Le Postec
« World Wide Electronics annonce un plan de restructuration »
Wall Street Journal, 7 mars
« Lancaster, Californie. World Wide Electronics a annoncé hier un plan de restructuration qui devrait affecter des milliers d'emplois, dans le cadre de la réorganisation du groupe présent dans les domaines du matériel informatique, du logiciel et des services informatiques. Voulus par son futur chef de la direction, Mike Landry, qui prendra ses fonctions le 1er mai, ces changements permettront de ''réduire la complexité, les coûts et conduire à une prise de décision plus rapide,'' affirme-t-il dans un communiqué. De 15 à 20 sites à travers le monde devraient être fermés, dont le détail sera connu lorsque le plan complet sera rendu public le 12 mars.
Les bénéfices nets de World Wide Electronics se sont contractés en 2009 d'environ 7% selon les bilans préliminaires. Wall Street a réagit favorablement à cette annonce: le titre a clôturé à en hausse de 12% hier soir. »
« Inquiétude à la Micro d'Artenay »
Le Progrès, 8 mars
« Cela aurait du être une journée de fête, marquée par la mise en service d'une unité de production flambant neuve. Mais l'ambiance était lourde hier dans les locaux de l'usine Micro Composants que, dans la région d'Artenay, tout le monde a pris l'habitude d'appeler « la Micro ». C'est dire les liens qui se sont tissés avec cette entreprise, ouverte il y a près de quarante ans et qui emploie 1600 personnes.
La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre dès l'ouverture, au petit matin. Dans la nuit, le propriétaire américain, WWE a annoncé la fermeture à venir de plusieurs sites et la suppression de milliers d'emplois dans le monde. Les détails du plan de restructuration seront annoncés prochainement. D'ici là, chacun à la Micro aura l'impression de vivre en sursis. Ouvrier dans cette usine depuis 24 ans, Alain, 51 ans a du mal à imaginer l'avenir. ''Je ne sais pas ce que je pourrais faire si ça ferme. Je veux pas pointer au chômage jusqu'à la retraite, mais qui va vouloir de moi à mon âge ?''.
Le collectif Syndical de la Micro dénonce l'attitude de la Direction, qui n'a rien annoncé de ce qui se préparait. Celle-ci se refusait hier à tout commentaire... »
Une petite ville de province. Les employés d'une usine de pièces électroniques, Micro Composants, dite «la Micro», apprennent par les médias que la multinationale à laquelle ils appartiennent s'apprête à annoncer un vaste plan de restructuration. Celui-ci inclut des fermetures de sites et la suppression de milliers d'emplois dans le monde.
Rien ne laissait anticiper la nouvelle. La tension monte immédiatement. La fermeture de l'usine serait une catastrophe: entre les salariés directs et ceux des fournisseurs et sous-traitants, presque toutes les familles du coin sont liés à la Micro. Les Syndicats se préparent au combat. Les employés voient soudain l'avenir s'obscurcir. Les politiques locaux réalisent que leur crédibilité est en jeu – sans parler du financement des collectivités locales.
La fermeture à venir de la Micro est bientôt confirmée comme faisant partie du plan. Des milliers de vies irrémédiablement transformées. C'est le combat de ces anonymes que nous allons suivre...
Ancrée dans la réalité sociale, «Les Anonymes» veut mettre en lumière la France semi-rurale qui peine à exister dans les représentations médiatiques ou fictionnelles du pays.
« Les Anonymes » ambitionne de brosser des portraits de l'ordinaire. Le couple, tous deux salariés de l'usine, qui se demande soudain s'ils pourront faire face aux dettes et payer les études des enfants. Le Syndicaliste qui redonne à quarante ans un sens à son engagement. Le gamin de 21 ans, à peine arrivé à la Micro pour un stage, pris dans ce tourbillon alors qu'il en est encore à ce demander quoi faire de sa vie. Ou encore, la Directrice, en vérité une salariée presque comme les autres, laissée dans le noir par un propriétaire américain injoignable...
Au cœur d'une France peut-être profonde, certainement pas ''d'en bas'', la Micro est habitée de personnages qui ont leurs espoirs, leurs ambitions, leurs rêves. Qu'ils soient là par choix, ou qu'ils fantasment un ailleurs qui leur serait meilleur, la série se placera au plus près d'eux. Elle décrira leur héroïsme, et leur faiblesse. Elle évoquera leur détresse, mais aussi leur drôlerie, avec l'ambition d'être juste et nuancée.
Les combats les plus durs sont aussi des aventures humaines, des histoires de rencontre, de solidarité. Ils révèlent l'être humain, dans ses multiples facettes, mais notamment sa capacité de dérision, sa propension à attraper au vol les morceaux de bonheur qui passent.
Surtout pas misérabiliste, surtout pas déprimante, elle veut plutôt montrer comment ces oubliés, ces inconnus, décident de se battre. C'est une série sur le pouvoir d'individus qui décident de prendre leur destin en main, sur ce qu'il vont devoir affronter, sur la manière dont les obstacles vont parfois les abattre, ou parfois les révéler. Sur la manière dont ils vont tenter de construire eux-mêmes, puisque personne ne se soucie réellement de leur sort, un futur dans lequel ils auraient une place. Et, qui sait, peut-être pourraient-ils réussir ?
Face au plan de restructuration, ces gens vont imposer le leur! Plans de reprise, plan de reconversion... Mais aussi, plus largement, le plan intime que chacun a pour son avenir.
Bien sûr, « Les Anonymes » est aussi une série de son époque qui, à partir du bout de la chaîne, le maillon humain et émotionnel, veut évoquer un système à la dérive où la finance et l'argent sont devenus des monstres animés d'une vie propre, auxquels on n'arrivera pas à accoler de véritable visage, car il n'en n'ont pas. Le manque d'humanité du sort subit par les gens de la Micro s'explique, en réalité, par le fait que ces décisions n'ont pas été prises par un humain. Dans la série, comme parfois dans la réalité, cet état de fait est symbolisé par cette multinationale sans visage – même la directrice de Micro Composants n'arrive pas à remonter au-delà de quelques échelons, ne peut contacter personne, ne peut s'expliquer avec personne. Ce bout opposé de la chaîne est lui aussi anonyme, pour des raisons différentes.
Cette économie déshumanisée, nous en sommes tour à tour, dans la même journée, les victimes, comme c'est évident dans le cas des salariés de la Micro, et les complices, quand nous traquons le prix le moins cher quitte à acheter un article produit dans des conditions sociales honteuses. En gardant un ancrage local et humain, « Les Anonymes » évoquera ces rouages et ces paradoxes.
Au croisement entre la série « Friday Night Lights » et des comédies sociales anglaises telles que « The Full Monty » ou « Billy Elliot », « Les Anonymes » veut prendre le pouls d'une France en pleine crise, mais combattive et déterminée à espérer...
L'imagerie des Anonymes
Situé en Rhône-Alpes, la série gagnera à en exploiter les paysages naturels divers: la campagne y est adossée aux montagnes ; les saisons bien tranchés alternent des étés réellement chauds et des hivers neigeux. Des paysages sublimes à sublimer. Ceux-ci contrasteront avec l'environnement industriel du site de la Micro.
Micro-Composants est une sorte de mini-ville, regroupant plusieurs bâtiments dans lesquels travaillent 1600 salariés. Un bâtiment abrite les bureaux de la direction et des commerciaux, au moins deux autres abritent des unités de production, et un quatrième est occupé par les vestiaires, les espaces de pause et la cantine.
A la Micro, et plus largement à Arteney, tout le monde est familier de tout le monde: on s'est déjà croisé, on sait quels sont les liens familiaux. Mais, souvent, on ne se connaît pas vraiment. Du fait de la taille de la Micro, si on ne travaille pas dans la même unité, si on n'a pas les mêmes horaires, on a peu le chance de pouvoir avoir une vraie conversation. C'est ce paradoxe de la campagne où chacun vit dans son coin tout en sachant très bien qui est son voisin. Et où les cancans voyagent vite, parce que chacun sait à qui ils se rapportent.
«Les Anonymes», ce sera beaucoup d'images de débats tendus, d'Assemblées Générales houleuses, d'ouvriers en grève rassemblés. Beaucoup d'agitation et de chaos à l'écran.
Pour la réalisation, plutôt qu'une caméra à l'épaule qui nous semble avoir perdu un peu d'impact à trop avoir été utilisée ces dernières années, il serait à notre avis intéressant de s'inspirer de la mise en image de séries comme «Urgences» ou «The West Wing» qui chorégraphiaient les opérations ou les discussions de couloir en ballets à la steadycam, à la fois aériens et rythmés, donnant de l'élégance au chaos ; et alternaient avec des moments plus posés, intimistes et/ou comiques qui conféraient beaucoup d'humanité aux personnages...
Personnages Principaux
«Les Anonymes» proposera nécessairement un groupe de personnages, mais celui-ci sera très clairement hiérarchisé. Au tout premier plan, un duo, Michelle et Samuel, fortement impliqués dans chaque épisode et sur qui reposent principalement les enjeux de la série.
Juste derrière eux, un groupe de trois personnages: Hugues, celui par qui on découvre ce monde, Mathieu le Syndicaliste et Cynthia la directrice du site que l'on retrouvera vraisemblablement dans tous les épisodes mais qu'on approfondira réellement seulement quelques fois par saison.
Enfin, au troisième plan, trois autres personnages, Rodolphe, Élisabeth et Martial, importants de part leur implication dans les événements, mais qui pourront ne pas apparaître dans certains épisodes et seront décrits de manière plus elliptique.
Il reste d'autres personnages, des guests présents dans plusieurs épisodes, qui constitueront l'arrière plan de l'univers décrit, que l'on pourra creuser au détour d'une scène, mais qui resteront clairement en retrait.
- Michelle Morel
A 42 ans, cela fait presque 20 ans que Michelle est ouvrière à la Micro. Grâce à cette expérience et à son caractère, elle est devenue chef d'équipe, et dirige le travail d'une dizaine de « ses filles ». Sa méthode de management? L'exemple! Michelle ne rechigne pas à la tâche, travaille dur et avec précision, abattant plus de travail que la plupart de ses collègues. Elle dirige avec poigne, mais aussi avec beaucoup d'humanité. Reste qu'elle tend à en demander aux autres autant que ce qu'elle exige d'elle-même, et c'est souvent trop. Michelle est une forte personnalité, gouailleuse, joviale, toujours de bonne humeur.
Elle a passé toute sa vie dans un périmètre de vingt kilomètres autour d'Artenay. Profondément attachée à cette terre, elle ne peut pas imaginer la quitter.
Avec son mari, Alain, qu'elle a rencontré à la Micro, elle a deux enfants, un fils de 21 ans, Thomas et une fille de 14 ans, Fanny. Il y a un an, Thomas lui a dit qu'il est gay – depuis elle n'a rien dit à son mari. Elle a peur de l'entendre lui faire le reproche qu'elle se fait à elle-même: être le cliché de la mère trop présente, castratrice, en clair d'être responsable de l'homosexualité de son fils. Conséquence de cette culpabilité muette, depuis un an, elle a, plus ou moins inconsciemment, mis beaucoup de distance entre elle et sa cadette – qui le vit comme un abandon.
Combattante, elle va cimenter le groupe qui va mener le combat, puis monter un plan de reprise par les salariés, malgré les doutes d'Alain, qui préférerait tourner la page et trouver un autre emploi, quitte à déménager. Alain, qui fait les comptes du couple, sait qu'ils vont vite avoir du mal à passer les fins mois, et à payer les traites de la maison...
Michelle préfère ne rien voir, et Alain risque de ne pas avoir la force de l'y forcer. Quand la réalité viendra frapper à la porte, ce qui arrivera inévitablement, Michelle devra faire un choix entre ses camarades de combat et l'unité de sa famille... Mais quand on s'est autant engagé dans un combat, est-il seulement possible de renoncer au milieu du gué?
- Samuel Casay
Samuel est un cadre de bas niveau qui travaille depuis cinq ans environ dans les bureaux de la Micro, aux ressources humaines. Il a emménagé à Artenay pour ce travail, le premier CDI qu'on lui a offert à 26 ans. A l'annonce de la fermeture, il se retrouve pris en étau entre le sentiment d'un devoir de solidarité vis à vis de l'équipe de direction, et la révolte qu'il ressent. Malgré son respect pour la directrice de l'usine, il est de plus en plus dégoûté par l'attitude des propriétaires, et rejoint les salariés en révolte. Lui qui, même s'il n'était pas très politisé, a toujours voté à droite.
Cet écartèlement, il existe depuis longtemps chez lui. Issu d'un milieu ouvrier peu éduqué, il est le fils de la famille qui a a fait des études, celui qui est sorti de son milieu. Pour son père, le fait d'aller en bosser en costume, d'avoir une voiture qui ne soit pas de l'occasion, c'est déjà beaucoup trop bling bling. Leurs rapports sont distants, difficiles. Surtout que pour Samuel, tout cela est très injuste: il ne s'est jamais départi d'une certaine honte de ses origines et ne s'est jamais vraiment intégré dans des milieux plus bourgeois, que ce soit dans son parcours scolaire post-Bac ou en entreprise. Du coup, Samuel est un grand solitaire, très intérieur, un peu handicapé de la relation sociale. C'est aussi un sportif costaud qui tendrait plutôt l'autre joue que de rendre des coups.
Quand il choisit finalement son camp, il devient le cerveau du groupe qui, autour de Michelle, essaye d'inventer un nouveau futur pour cette usine – d'abord trouver un repreneur, puis monter un plan de reprise par les salariés. Une aventure inattendue pour lui qui s'était enfermé dans une routine asphyxiante.
Samuel va apprendre difficilement qu'on ne peut pas toujours rester au milieu, qu'il faut faire des choix et assumer au passage de se faire des ennemis. Car c'est sans doute à ce prix que l'on peut vraiment s'accomplir. Le combat de la Micro sera aussi, pour lui, une vraie expérience d'ouverture à l'autre...
* * *
- Hugues Rohlon
Hugues est un jeune homme de 21 ans qui vient d'arrêter ses études à l'Université. Après quelques semaines à tourner en rond dans la maison de ses parents, il a décidé de travailler en attendant de décider ce qu'il a envie de faire de sa vie. Une formation de la Mission Locale l'a mené jusqu'à un stage à la Micro. Son premier jour? Celui où filtre la nouvelle d'un plan de restructuration. Il ne sait pas très bien qui il est, encore moins où il va, mais il est projeté malgré lui dans une expérience qui va le dépasser.
Lorsque la grève éclatera dans l'usine, il ne se voit pas la suivre, compte-tenu de la précarité de son statut et d'un certain manque d'engagement. Il va y gagner un CDI dont il ne sait même pas s'il le souhaite, mais aussi une réputation de casseur de grève qui va achever de l'impliquer, malgré lui, dans ce qui arrive à la Micro.
Grand curieux, un peu lunaire, la plupart des expériences de la vie semblent glisser sur lui sans l'affecter. Mais il y a un monde entre ce qu'il (ne) laisse (pas) apparaître et la réalité de ce qu'il ressent.
La Micro va aussi renouveler son réseau social. Il devient ami avec Thomas, le fils de Michelle, qui avait été dans sa classe une année ou deux au Lycée sans qu'il ne se rapprochent vraiment. Cette amitié va amener à une découverte qu'il n'avait pas imaginé. Parallèlement, il se rapproche de Nelly, jeune femme de quelques années de plus que lui, mère célibataire déboussolée, qu'il prend d'affection...
Au fond de lui, ce qu'il veut c'est quitter la région, trouver sa voie, faire quelque chose d'important de sa vie. Mais il a peur de l'avenir incertain. Alors, le combat de la Micro, aventure passionnante, compte parmi les distractions qui l'empêchent de se confronter à ses doutes. Ce qui risque de « l'enterrer » ici pour le reste de sa vie...
- Mathieu Belouze
Président du club de foot d'Artenay, mais aussi Délégué du Syndicat majoritaire à la Micro, Mathieu est connu de presque tout le monde dans le coin. Il a 38 ans et sa jeunesse à rêver d'une société différente est loin. Aujourd'hui, son militantisme tient presque de l'automatisme: il fait au mieux pour améliorer au quotidien le sort de ses collègues, sans grands idéaux. Ce qu'il va se passer à la Micro va redonner un sens à son engagement, même si la cohabitation avec Michelle, qui prend une place prépondérante dans la lutte, ne sera pas toujours facile: ces deux-là se vouent une détestation ancienne...
Divorcé, il voit sa fille la moitié des week-ends et des vacances... Presque moins que les gamins du club de foot pour lesquels il a une affection immense.
Mathieu va redécouvrir à quel point militer peut être gratifiant. Mais aussi que cela un prix. Car même ceux qui sont d'accord avec vous ont souvent à redire sur vos méthodes, sans compter que porter son engagement en bandoulière fait de vous une cible des ennemis de votre cause...
- Cynthia Daumas
La Directrice de Micro Composants est arrivée il y a un an sur place et n'a que moyennement réussi à se faire accepter, moins par manque de compétence que parce qu'elle est une femme. A la cinquantaine, elle est entièrement concentrée sur son travail, y passant le plus clair de son temps.
En réalité, les décisions qu'elle a prises depuis son arrivée ici sont les bonnes. Les résultats de l'usine étaient sur le point de le prouver. C'est pour cela qu'elle est devenue une cible au sein de WWE France: le Directeur régional a estimé que, réussissant trop bien, Cynthia pourrait se voir proposer avant lui le poste au siège national qu'il convoite, à l'heure où le groupe cherche à féminiser les équipes dirigeantes. C'est lui qui a suggéré de fermer la Micro, sachant que la décision serait prise peu avant la transmission au siège des bilans.
Mais tout cela, Cynthia l'ignore encore, et elle se retrouve soudainement prise au cœur d'une bourrasque énorme que, du coup, elle ne comprend pas. Tout le monde la tient pour responsable de la fermeture, mais elle est maintenue dans le noir par le propriétaire américain, qui ne l'a informée de rien et ne la tient pas plus au courant une fois le processus engagé.
Cynthia est dans une situation impossible. En commettant des erreurs, elle risque de la rendre intolérable.
* * *
- Rodolphe Keller
Représentant d'un Syndicat minoritaire de la Micro, ancré très à gauche et porté sur la contestation radicale, l'affrontement qu'il menait jusqu'ici avec Mathieu Belouze tenait presque du jeu de rôle. Le plan social annoncé va tendre singulièrement leurs relations, et va le radicaliser. Un penchant qui effraie sa femme, qui tente de le tempérer. Rien qui ne puisse mettre en danger ce couple solide, cependant.
Pour mieux mener le combat, il sollicite la venue à la Micro d'un apparatchik de sa structure, aveu tacite de son manque de confiance en lui et de sa propension à se laisser influencer. Ce dernier défaut va entraîner Rodolphe vers des extrémités qu'il pourrait regretter...
- Élisabeth Le Gal
Pour la Député-Maire d'Artenay, la perspective d'une fermeture de la Micro est une catastrophe: une part importante du budget qui partirait en fumée, et surtout la quasi-assurance de ne pas être réélue. Mais si elle est déterminée à faire le maximum, elle doit naviguer à vue entre l'espoir et le risque de sombrer dans la démagogie ou le cynisme électoraliste. Députée d'opposition, de gauche, elle est encore assez jeune en politique et manque d'expérience. On ne tardera pas à la fois à le lui reprocher et à s'en servir de prétexte pour la court-circuiter quand l'affaire de la Micro se retrouvera au cœur de l'agenda médiatique à l'heure où les élections régionales commenceront à se profiler...
- Martial Rohlon
Le père d'Hugues travaille pour le restaurant industriel qui fabrique les repas de la cantine de la Micro. Une de ces entreprises condamnées si la Micro ferme ses portes. Il a de mauvaises relations avec son fils, qu'il ne comprend pas: trop rêveur, trop éloigné de ce qu'il est. Martial vit un mariage sans amour, mais aussi sans drame. Une tranquillité qui va éclater avec la révélation de sa double vie: depuis vingt ans, Martial a des aventures avec des hommes...
C'est dans cette tourmente que Martial et Hugues vont réellement se découvrir...
Personnages récurrents
Alain Morel : Mari de Michelle, la quarantaine. Il travaille aussi à la Micro mais ne partage pas réellement l'engagement de sa femme. Ne vaudrait-il pas mieux quitter la région pour retrouver au plus vite un emploi? ''Comptable'' du couple et trop effacé, il n'ose pas dire à Michelle la réalité de la détresse financière dans laquelle la grève les place. Il paye les traites de la maison en contractant des crédits, refusant d'affronter la réalité et d'aller au conflit. Il est très tourmenté par cette fuite en avant dont il sait pertinemment qu'elle ne peut pas bien finir.
Régis Andréani : Militant de gauche radicale, c'est un apparatchik de son Syndicat auquel il consacre le plus clair de son temps, même s'il est officiellement encore étudiant à l'approche de la trentaine. D'origine bourgeoise, en révolte contre son milieu et le système, il se sent investi de la mission d'ouvrir les yeux au monde ouvrier, de lui communiquer la « bonne parole » qui mènera à la révolution et à un monde égalitaire et libertaire. Ses théories, on peut les trouver belles. Dans la pratique, elles vont rendre explosive une situation tendue.
Eric Legendre : Dirigeant régional de WWE France. Loin d'aider Cynthia Daumas à établir des relations avec les dirigeants stratèges du groupe, il veille à ce qu'elle reste isolé. C'est lui qui a mis la Micro en haut des candidates à la fermeture en France, pour mieux abattre une rivale...
Premier épisode
7 mars. Artenay, en Rhône-Alpes.
Il fait encore sombre dehors. Michelle Morel est allongée les yeux grands ouverts, seule dans son lit. C'est le matin d'une journée particulière. Elle n'imagine pas encore à quel point. A peine a-t-elle mis un pied hors de sa chambre qu'un flash lui agresse les yeux. Sa fille de quatorze ans, Fanny, semble l'avoir guetté dans le couloir – ''Aujourd'hui, c'est toi la star,'' lui dit elle. Michelle ravale sa mauvaise humeur. Toute la famille est excitée: aujourd'hui, Michelle a été choisie pour représenter les salariés de « la Micro », la vaste usine de composants électroniques où elle travaille, lors de l'inauguration du matériel flambant neuf mis en service aujourd'hui dans l'un des bâtiments. La classe de collège de Fanny doit venir à la Micro assister à l'événement. Malgré cet événement festif le mari de Michelle, Alain, reste muré dans un étrange silence pendant tout le petit-déjeuner. Une fois les enfants partis pour l'école, Michelle demande à Alain de lui dire ce qu'il se passe. Il lui explique qu'il faisait une revue de presse sur internet concernant l'événement du jour, quand il a trouvé autre chose...
A la Micro, Samuel Mendès reçoit de bonne heure Hugues Rohlon, un jeune homme de 21 ans qui vient compléter une formation de la Mission Locale par un stage à la Micro. Le rendez-vous a été fixé tôt car la journée d'aujourd'hui va être très chargée suite à l'inauguration. Alors qu'il s'occupe des formalités administratives de l'intégration, Samuel est alerté par des bruits de cris de plus en plus présents sous ses fenêtres. Il sort voir ce qu'il se passe en demandant à Hugues de l'attendre dans son bureau.
Le portail de la Micro s'ouvre, et laisse entrer un car scolaire qui se gare dans la cour. Les portes s'ouvrent et les élèves commencent à descendre. Le professeur et les deux accompagnateurs regardent autour d'eux: personne ne vient les accueillir pour la visite prévue avant la cérémonie d'inauguration. Le professeur s'approche du bâtiment identifié comme celui de la Direction. Il tombe sur Samuel en train d'en sortir. Il pense qu'il y a eu un oubli et propose au groupe de le suivre. Ils contournent le bâtiment. Derrière lui, une étendue d'herbe sur laquelle est amassée un vaste groupe de salariés. Michelle est parmi eux, rouge de colère. Elle voit Samuel et se précipite vers lui en hurlant: un cadre de la direction qui ose montrer son nez! Est-ce qu'il n'a pas honte de ce qu'ils ont fait?! Comment ont-ils pu avoir l'indécence de cacher un tel secret?! Michelle s'arrête soudain quand elle aperçoit sa fille, effrayée devant sa mère transformée en furie. Samuel ne comprend rien à ce qu'il se passe. Michelle est maintenant silencieuse, mais encore plus furieuse d'avoir été vue ainsi par Fanny. Le silence ne dure qu'un poignée de seconde. Un des salariés crie: « La Micro en grève! », bientôt repris en cœur par tous les autres...
Quelques instants plus tard, Samuel regarde les professeurs raccompagner les élèves vers le bus. Il sort son portable.
Cynthia Daumas est assise dans un espace d'attente. Elle regarde sa montre, stressée. Elle attend depuis trop longtemps, ce que sait très bien une secrétaire qui s'efforce de rester occupée pour ne pas avoir à la regarder. Le téléphone de Cynthia sonne: Samuel Casay. Elle rejette l'appel. Et décide de se lever pour parler à la secrétaire: le rendez-vous a été fixée il y a longtemps, elle a une inauguration importante aujourd'hui, elle doit absolument voir monsieur Perillat. La secrétaire se contente de lui répondre qu'il est au courant de sa présence et qu'il va la recevoir d'un instant à l'autre. Le portable de Cynthia sonne encore. Elle décroche, agacée et demande simplement à Samuel d'arrêter d'essayer de la joindre: il sait très bien où elle se trouve et pourquoi c'est important. Perillat a entre temps ouvert la porte de son bureau, l'air pas joyeux. Cynthia se force à sourire. ''Vous auriez sûrement mieux fait de prendre le coup de fil,'' lui dit-il. Il reporte à plus tard la signature d'un contrat crucial pour la Directrice: d'après la radio, un mouvement social vient de commencer à la Micro.
Cynthia Daumas est dans sa voiture. Elle rejoint le site de l'usine par l'arrière. Elle appelle Samuel et lui demande de la rejoindre pour lui expliquer ce qu'il se passe. Elle l'attend un moment, plantée à coté du tapis rouge et des rubans installée pour l'inauguration. Samuel n'a pas compris grand-chose de plus: il y a des rumeurs de plans social ou de fermeture. Cela s'est propagé comme une traînée de poudre, tout le monde a débrayé. Il a parlé aux représentants des Syndicats, ils n'étaient au courant de rien, ils sont supposés être en train d'essayer de calmer Michelle Morel, qui est apparemment à l'origine du mouvement. Clairement, la Directrice elle-même n'a jamais entendu parler de cette histoire de plan.
Elle va à la rencontre des salariés. Michelle et Mathieu Belouze, le représentant du Syndicat majoritaire, sont en pleine discussion. Cynthia l'aborde en lui expliquant qu'il faut régler ce malentendu au plus vite. Mais il n'y a pas vraiment de malentendu. Michelle lui tend un papier. Son mari à découvert que pendant la nuit, à 13h en Californie, le groupe World Wide Electronics (WWE), auquel appartient la Micro, a annoncé un vaste plan de restructuration mondial incluant la fermeture de plusieurs sites et la suppression de 25000 emplois, les détails du plan devant être annoncés sous quelques jours.
Cynthia n'en a jamais entendu parler avant cet instant, ce que personne ne peut croire. Complètement déstabilisée, elle n'arrive guère à répondre à l'inquiétude des salariés. Samuel se rend compte à quel point elle est mal à l'aise et ramène Cynthia à son bureau en annonçant aux ouvriers rassemblés qu'elle recevra plus tard les représentants Syndicaux.
Michelle parle déjà de grève, mais elle est recadrée par Mathieu Belouze, qui convainc ceux qui sont présents que c'est prématuré. Rien ne dit que la Micro sera concernée par ce plan. Et la remise à neuf d'une unité de production complète incite à penser que l'usine n'est pas dans le collimateur de WWE. L'aide de Rodolphe, qui représente un Syndicat plus radical, lui permet de convaincre. Pour le moment.
Cynthia panique. Elle ne sait pas ce qu'elle va pouvoir dire aux Délégués Syndicaux. Encore plus grave, dans peu de temps, Élisabeth Le Gal, la Députée-Maire d'Artenay, sera là pour l'inauguration des nouveaux équipements. La secrétaire du Directeur régional de WWE France filtre ses appels. Elle tombe systématiquement sur le répondeur du portable. Elle laisse un message très sec. Elle n'aura pas de réponse. Samuel réalise soudain qu'il a oublié Hugues dans son bureau.
Il le rejoint, finit de remplir quelques papiers, et lui fait intégrer l'équipe de Michelle, chargée de le former. Hugues se retrouve au milieu de dix femmes...
Samuel remarque qu'il manque une des filles de l'équipe, Nelly. Michelle ment pour couvrir cette mère célibataire un peu dépassée, mais lui passe un savon au téléphone et exige qu'elle soit là avant midi.
Devant les Syndicats, Cynthia met en avant la nouvelle unité de production pour prouver sa bonne fois, et ment en annonçant qu'elle a reçu l'assurance que Micro Composants ne serait pas concernée par le plan de restructuration de WWE.
Samuel se retrouve dans la situation de devoir corroborer les déclarations de Cynthia devant Mathieu et Rodolphe. Il décide sur l'instant de confirmer que la Directrice a bien eu cette assurance. Il le regrette presque aussitôt, mais a presque malgré lui décidé de ce que sera, pour le moment, son allégeance.
A son arrivée sur le site, la Maire Élisabeth Le Gal est immédiatement briefée sur la situation par Mathieu Belouze – l'élue et le syndicaliste modéré se connaissent bien. Quand elle doit confirmer devant Le Gal que la Micro n'est pas en danger, Cynthia sent qu'un piège est en train de se refermer sur elle, mais elle n'a plus le choix. Lors de l'inauguration, Michelle évoque l'importance de la Micro dans la vie de chacun des habitants de la région, et Élisabeth Le Gal l'appuie en affirmant qu'elle ne laissera jamais un actionnaire sacrifier leur vies à tous.
Personne n'est complètement rassuré, cependant, et l'épisode s'attarde sur ces moments suspendus dans l'attente de l'annonce officielle du groupe WWE. Alain Morel envisage déjà de quitter la région, mais Michelle ne l'écoute même pas, refusant d'envisager cette possibilité.
En lui faisant promettre le secret, Samuel décide d'avouer à Michelle que Cynthia n'arrive pas à avoir de nouvelles des dirigeants français de WWE, encore moins des américains, et qu'elle n'a donc pas réellement obtenu de garanties sur le sort de la Micro. Michelle le persuade de demander à Cynthia de monter avec lui en voiture et de se rendre directement au siège régional. Cynthia se laisse convaincre qu'il est nécessaire d'organiser une confrontation avec Éric Legendre, le Directeur régional de WWE, quitte à lui tendre une mini-embuscade. Elle embarque avec Samuel pour les deux heures de route qui les séparent de Lyon...
Quelques heures plus tard, Samuel rappelle Michelle et lui révèle ce qu'ils ont appris: le lendemain, en Californie, la direction de WWE annoncera la fermeture totale de la Micro...
Pistes pour la première saison
Les paragraphes suivants présentent les grandes lignes de ce que pourrait raconter la première saison – des grandes lignes qu'un travail approfondi sur les arches narratives bouleversera nécessairement.
Il nous semble que pour appréhender au mieux la nature chorale de la série, mais aussi pour introduire une certaine variété de ton entre les épisodes, « Les Anonymes » aurait besoin d'être développée au rythme d'une douzaine d'épisodes par saison. Néanmoins on remarquera que, dans ce plan préliminaire, les épisodes 6 et 8 pourraient l'un comme l'autre être transformés en épisodes de fin de saison.
A priori, chaque épisode reposerait sur une structure en ABC. La série est très épisodique. C'est à dire que chaque épisode raconte des histoires avec un début, un milieu et une fin. C'est la somme de ces histoires qui forme une méta-histoire, ce que raconte la saison. Mais on veillera fermement à sortir de la logique des épisodes qui ne résolvent aucun enjeu. Il en va de même du cliffhanger à chaque fin d'épisode: à notre avis une série n'en a pas besoin pour être addictive: finir sur un personnage, une émotion, peut-être aussi fort. Systématisé, le cliffhanger en devient un peu artificiel, on le réservera donc au grands pivots dramatiques de la saison.
1.02 Le monde tourne
WWE annonce publiquement sa décision de fermer la Micro. Les salariés engagent la lutte pour sauver leur usine, mais se divisent sur les méthodes. La grève est-elle la solution? Comment s'organiser si les familles doivent faire face à un conflit long?
Dans le fond, Michelle et les salariés pensent que les grands médias vont relayer cette nouvelle et que la pression nationale et les politiques vont contrecarrer les plans de WWE. Mais les jours passent et il devient clair qu'aucune couverture médiatique retentissante ne s'annonce. Les grands journaux ont réglé leur cas en une brève de deux lignes. Les télé ont fait une minute sans venir sur place. Seule la presse locale leur ouvre ses colonnes pour mieux y publier des portraits d'employés dont le désarrois ne fait que renforcer l'abattement collectif de plus en plus profond...
● La Maire est furieuse contre Cynthia qui lui a menti ● Cynthia est décrédibilisée. Le soutien de Samuel renforce les rumeurs de liaison entre eux ● Hugues fait la connaissance de Nelly lorsqu'il la trouve en panne au bord de la route sur le chemin de la Micro ●
1.03 Le 1er mai
Michelle fédère tout le monde autour de l'idée d'une présence massive à Lyon lors de la manifestation du 1er mai. Chacun s'implique dans la préparation: banderoles, pancartes, transport... Avec Samuel, Michelle travaille la scénographie de leur présence: combative, festive, médiatique.
Remarqués dans le défilé, attirant les caméras, « les Micro » finissent en tête du cortège et stars du 1er mai, obligeant les leaders syndicaux à se ré-organiser dans l'urgence au cœur du défilé pour donner l'image qu'ils en sont. La Micro remonte dans l'agenda médiatique.
● Rodolphe Keller fait la connaissance d'un intellectuel de son Syndicat, Régis Andréani, qui se propose de les aider ● Le conflit personnel de Samuel, à mi-chemin entre la Direction et les salariés en révolte, devient de plus en plus intenable ● Mathieu et Rodolphe réalisent qu'à la faveur de leurs dissensions, Michelle est en train de prendre la tête du mouvement ●
1.04 Blocus
Pour reprendre la main face à Michelle, les Syndicats de la Micro intensifient la grève. La majorité vote pour.
Mais il y a ceux qui n'ont pas d'économies et qui ne peuvent pas faire face si le salaire arrête de tomber. Hugues décide lui aussi de continuer à travailler: un stagiaire gréviste, ça n'existe pas vraiment. Sans compter qu'il a l'impression de n'être encore à la Micro que parce que tout le monde l'a un peu oublié.
Ils prennent leur poste sous les hués. Régis pousse Rodolphe à organiser une occupation et un blocage total de l'usine. La Micro s'arrête de produire...
● Michelle s'occupe de la récolte de dons et de trouver des solutions pour que chacun puisse survivre au quotidien ● Samuel tranche finalement et rejoint le camp des salariés en révolte, trahissant Cynthia ● Hugues et Nelly entament une relation, mais le blocage de l'usine est pour la jeune femme une source de tension et d'instabilité supplémentaire ●
1.05 Les brassards
Mathieu fait jouer l'équipe de foot d'Artenay (plutôt bonne) avec un brassard noir qui affiche leur solidarité. Cela passe mal, notamment chez Martial Rohlon que le blocage de la Micro a mis au chômage technique (il travaille pour le restaurateur industriel qui confectionnait les repas de la cantine de l'usine). Quand l'équipe perd un match important, on reproche à Mathieu d'avoir perturbé la préparation de l'équipe en y introduisant de la politique, et on le presse de se retirer. Mais c'est difficile à envisager pour Mathieu qui a consacré presque tout son temps libre au club depuis des années et connaît mieux les ados de l'équipe junior que ses propres enfants...
Samuel et Michelle montent un dossier pour séduire des repreneurs, qu'ils commencent à démarcher. La Maire a vent de leur action et s'y associe. Ils savent qu'elle peut les faire gagner en crédibilité. Mais aussi qu'elle s'attribuera le mérite en cas de réussite...
● Déstabilisé, Mathieu laisse de la place à Rodolphe dans le mouvement Syndical à la Micro ● Sous l'influence de Régis, celui-ci commence à se radicaliser au-delà du raisonnable ●
1.06 Trois jours
L'action de Régis a finit par chauffer les esprits et mettre le feu aux poudres alors qu'au cœur de l'été, le sort de la Micro a finit par désintéresser les journalistes. Rodolphe et un petit groupe autour de lui, auquel se joint Mathieu à contre-cœur, pénètrent dans le bureau de Cynthia. Ils séquestrent la Directrice. La Micro fait la Une des 20Heures, mais est-ce que cela peut les aider? La séquestration menée par Rodolphe fait capoter un projet de reprise que négociaient Samuel et Michelle.
Quelle peut-être l'issue d'une telle action? En pleine tension, presque sans lien avec l'extérieur, seul alors que Régis à quitté le site et que Mathieu abandonne après 24 heures, c'est la question à laquelle Rodolphe doit répondre. Son esprit brouillé ne voit que deux solutions: l'humiliation de l'abandon ou l'escalade de la violence...
1.07 Quentin
Un groupe mené par Rodolphe a saccagé l'un des bâtiments de l'usine. Hugues, à qui Rodolphe a demandé de prouver s'il était vraiment avec eux ou bien encore un casseur de grève, a participé à cette action et se retrouve en garde à vue avec les autres. C'est la tuile de trop pour Nelly qui passe à deux doigts de mettre fin à ses jours. Seuls les meneurs, et principalement Rodolphe, sont maintenus en détention. Relâché, Hugues se retrouve avec la garde temporaire de Quentin, le bébé de Nelly qu'il ne fréquentait pourtant que depuis quelques mois, pendant que celle-ci est hospitalisée. L'occasion de s'interroger sur leur destin commun...
Michelle doit déployer des trésors de combativité, et d'inventivité, pour trouver le moyen de récolter de l'argent qui vient alimenter les caisses de solidarité qui permettent aux employés de la Micro de survivre. Elle en vient au lancement d'un calendrier: ''les Dieux de la Micro''. Oui, ce genre de calendrier.
● Michelle et Alain n'ont plus de relations intimes depuis des semaines. Pour se venger, elle lui révèle enfin que son fils est gay ● A l'heure où toute la France parle de la Micro, la Maire d'Artenay voit le dossier repris en main par le Président de la Région Rhône-Alpes: c'est que l'élection est dans 18 mois... ●
1.08 La visite
Les politiques nationaux espéraient que la rentrée sortirait la Micro des gros titres de l'actualité, mais septembre est bien entamé et ce n'est toujours pas le cas. Le Ministre du travail décide d'une visite. Son espoir: profiter du fait que se craquelle le front de la grève pour obtenir une reprise d'activité, au moins partielle, à la Micro...
● L'occupation de la Micro est levée ● Un des bâtiments est remis en service ● Ceux qui trouvent un autre emploi saisissent l'occasion: les premiers départs officiels ●
1.09 Le placard
Hugues et Thomas Morel, le fils gay de Michelle, sont devenus amis depuis quelques mois. S'il n'a pas de doute sur sa sexualité, le monde gay attise la curiosité de Hugues et son désir de s'affranchir d'une société normative. Il persuade Thomas de l'emmener découvrir un lieu de drague extérieure gay qui existe dans les environs. Il n'avait pas vraiment imaginé y tomber sur... son père! La double-vie de Martial Rohlon est révélée et son couple tranquille éclate.
Hugues réalise qu'il a plus en commun avec son père que ce qu'il avait jamais imaginé...
1.10 Le plan B
Michelle et Samuel admettent que la tension ambiante et l'image négative donnée par la représentation médiatique de la Micro depuis des mois rend plus qu'utopique l'espoir de trouver un repreneur. La seule solution n'est-elle pas de monter un projet de reprise, au moins partiel, par les salariés eux-mêmes?
Rodolphe est remis en liberté par le juge. Alors que la séquestration des patrons est le sujet de tous les éditorialistes, tous ses mouvements sont suivis par des journalistes. Hugues, choqué par ce qu'il lit sur Rodolphe, commence à coucher sur papier son expérience de l'action à la Micro.
1.11 La réalité
On frappe à la porte des Morel un matin. Un huissier. C'est seulement alors que Michelle comprend l'ampleur de la détresse financière dans lequel sa famille se trouve – et que son mari lui a caché au risque de les enfoncer encore plus, à coup de crédits qu'ils ne peuvent guère espérer rembourser. Rattrapée par la réalité, Michelle comprend que son engagement a fait vaciller sa famille et qu'elle a peut-être négligé l'avenir de ses propres enfants.
Cynthia a compris que c'est Éric Legendre qui a organisé l'exécution de la Micro pour se prémunir de la concurrence qu'elle pouvait représenter alors que les bilans allaient révéler qu'elle redressait les comptes d'exploitation. Elle envisage de dénoncer la manip' de son collègue à l'actionnaire, mais décide finalement de le faire... par le biais des médias! Elle déclenche du même coup un nouveau scandale autour de la Micro et une humiliation publique pour Legendre.
1.12 Les patrons-voyous
Un lundi matin, le personnel arrive à l'usine pour découvrir que l'actionnaire a profité du week-end pour vider le matériel du bâtiment dont l'unité de production avait été remis à neuf. La méthode est celle de vandales. Reste qu'il semble bien que cette fois, pour la Micro, ce soit la fin. A moins que la brutalité de ces méthodes ne force enfin l'État à sortir de la position de commisération passive qui était la sienne jusqu'ici, et qu'il s'engage pour essayer de faire sortir de Terre le plan de reprise que Michelle et Samuel ont esquissé. Michelle s'apprêtait à quitter Artenay. Elle plante sa famille au moment du départ et décide de rester.
Samuel, l'impression d'avoir été vaincu et d'avoir tout perdu, couche avec Cynthia, après des mois de tension sexuelle, comme une déclaration de soumission. Celle-ci est nommée à un poste aux États-Unis au sein du groupe WWE et quitte la Micro, désormais totalement abandonnée par son ancien propriétaire...
Et ensuite?
Les événements de l'épisode 12 forcent l'État à pleinement s'impliquer. La saison pourrait se terminer sur une petite armée d'agents de Matignon débarquant, prenant connaissance du plan de reprise de Michelle et Samuel, et leur expliquant que toutes leurs ressources sont à leur disposition pour le concrétiser.
La deuxième saison, dont toute la première moitié se passerait avec la Micro totalement fermée, avec les conséquences désastreuses de cet événement sur la région, raconterait la mise en action de ce plan, et la réouverture progressive et partielle de la Micro.
Dans une troisième saison, on pourrait imaginer le site de la Micro séparé en deux. D'un coté, l'entreprise créée par Michelle et Samuel, dans laquelle seraient mis en place des systèmes d'auto-gestion. De l'autre, une reconversion du site par une autre multinationale. Comment ces deux univers cohabitent?