Mon très cher blog
Mon très cher blog, voilà trois mois que je ne t’ai pas donné de nouvelles. Il faut sans doute que je me fasse pardonner de t’avoir abandonné...
J’ai des excuses (mauvaises).
Vers le milieu du mois d’avril je suis rentré dans mes cinq ou six semaines annuelles de grosse déprime printanière (dans le genre tradition à la con...), celles où je me roule en boule sous la couette devant un marathon en DVD d’une de mes séries préférées (que j’ai donc déjà vue en entier minimum cinq fois) en attendant que ça passe.
Et puis juste après, juin est arrivé, et en juin on est venu me chercher pour faire plein de trucs, ou au moins pour parler avec des gens dans des rendez-vous.
L’un des trucs, c’est trois petits films d’1mn30 sur la Création audiovisuelle française qui seront diffusés ce lundi 27 juin dans le cadre de la Journée de la Création TV (et qui passeront donc sur Public Sénat, et aussi sur Dailymotion). Cool mais traverser dix fois Paris pour faire des interviews, ça prend un peu de temps.
Bon, mais j’ai dit ‘‘mauvaises excuses’’ parce qu’en vrai, je ne suis pas sûr que tout cela ait à voir avec l’absence de mise à jour de ces pages. Quoi que j’aie quand même toiletté, un peu en cachette, la page Scénarios pour être à jour sur les projets qui m’occupent l’esprit par les temps qui courent.
Je me rappelle d’une anecdote. Je ne sais plus très bien quel âge j’avais mais j’étais quelque part entre la fin de mes années Lycée et mon bref passage en Fac. Un cousin à moi était de passage et me posait tout un tas de question sur mon futur et ce que je voulais faire de ma vie, toussa. Devant mes réponses évasives, il m’énonça sa conclusion: j’en savais pas grand-chose et je manquais grave d’objectif d’avenir. Le «grave» est de moi, ce n’était pas exactement son vocabulaire.
Le truc c’est que sa conclusion était fausse et que j’avais juste pas envie de lui en parler à lui, à ce moment-là.
C’est un peu la même chose aujourd’hui. Sauf que j’ai plus 18 ans (I wish!) et que c’est encore plus un tort qu’avant.
Il y a à peu près un an, j’ai eu l’occasion de faire un bon gros point. Sur ce que je faisais, ce que je voulais faire. Et ce que je ne voulais plus faire.
Ce que je voulais faire, ça n’avait jamais été très mystérieux. Mais la grosse avancée, ça a été de me dire que j’étais un peu arrivé à bout d’excuses pour remettre à plus tard. Les «je suis (trop) jeune», «il me faut de la bonne vraie ‘‘expérience de la vie’’ pas frelatée» (genre j’en manquais), etc. Là, il faut que je t’avoue qu’en fait, Russell T Davies a bien aidé. Mais si je te raconte ça maintenant, je vais plus en finir donc je vais garder ça pour la prochaine fois (pas dans trois mois, promis !).
J’ai écrit un premier projet, récolté quelques retours positifs, mais l’ai mis très vite au fond d’un tiroir pour cause de doublon. C’était Les Anonymes. Franchement, je suis pas mécontent de ce que j’ai produit en deux mois de travail.
J’ai ensuite brainstormé pour la Nouvelle Trilogie. Ça a donné Générations, un projet que j’ai continué à développer de façon un peu obsessionnelle de l’été dernier à cet hiver. L’avantage de m’être trouvé un petit univers qui me passionnait, c’est que j’ai pu facilement développer une Bible plutôt bien charpentée, puis écrire un épisode Pilote. L’ensemble constitue une carte de visite pas dégueulasse. Même si le projet est très «décalé» par rapport à un marché de la série télévisée française carrément atone dans lequel 99,9% des idées du monde sont «décalées».
Je l’ai pas mal envoyée, la carte de visite.
Parfois avec l’effet d’une bouteille à la mer. Parfois, j’ai remarqué que je m’inscrivais dans l’esprit d’un interlocuteur (‘‘tiens, celui-là, faut peut-être un peu garder un œil sur lui’’). Et puis une fois, après un débrief vraiment de qualité de ce que j’avais écrit, il y a eu un «et tu aurais autre chose à proposer ?». J’avais un truc, à potentiel commercial, qui a un peu accroché. On continue d’en discuter. C’est pas mauvais signe. Mais de là au concret...
La méthode de la Carte de visite, c’est pas très pro-actif comme moyen de se vendre. J’en suis un peu là. Comment on se vent quand non seulement on se vend plutôt mal, en général, mais quand en plus on déteste vraiment, vraiment ça?
Surtout dans un audiovisuel français où... Bon…
Je repense souvent à l’histoire de Robert Thorogood, le scénariste anglais qui a créé et est à la tête de l’écriture de Death in Paradise, une co-production BBC / France Télé initié par les anglais. Il explique que c’est seulement une fois que le projet était définitivement signé que, pour la première fois, quelqu’un -- le patron de la fiction de la BBC -- lui a demandé ce qu’il avait fait avant. La réponse était rien, «Death in Paradise» sera son premier crédit de scénariste télé. Disons que j’ai pas trop l’impression que cette jolie histoire puisse arriver en France (ce que me confirme le producteur intéressée, qui me cherche un co-auteur «établi» pour mon projet, d'ailleurs).
Mon très cher blog, tu vois, ça avance.
Et en même temps ça n’avance pas trop.
Et comme j’ai lu beaucoup de blogs de wannabe writer deluded dans ma vie, j’ai un peu beaucoup peur de m’ajouter à la liste. Le wannabe writer deluded c’est mon cauchemar personnel. Ma kryptonite à moi. Le syndrome de l’imposteur, c’est la faille d’à peu près tous les écrivants du monde, en même temps, non?
Voilà, très cher blog. Je t’ai à peu près tout dit. Enfin l’essentiel. Enfin un bon morceau, quoi.
Effet cathartique ou effet bouteille à la mer? Je suppose que l’avenir nous le dira.