Première vague. Et Najat résiste!
S'il y a bien une chose qui m'a agacée au soir des deux tours de la Présidentielle, c'est l'auto-congratulation autour des chiffres de la participation, et l'analyse qui en fut couramment faite, particulièrement par l'UMP, selon laquelle elle confirmait que nos institutions actuelles étaient parfaites, fonctionnaient on ne peut mieux, et que les Français en étaient parfaitement heureux.
Le premier tour des Législatives a été marqué par un record historique d'abstention. Et ce record n'est pas conjoncturel, un phénomène propre à cette élection-ci à cette date-ci. Ce record négatif est dans la lignée des précédents depuis plus de vingt ans. C'est le score de la participation à la Présidentielle qui était conjoncturel. Pour la première fois depuis longtemps, nous étions face à une élection qui pouvait changer les choses, face à deux candidats qui portaient un fort changement. Le candidat de droite représentait une rupture avec la droite sociale française pour la remplacer par une version tricolore des droites néo-conservatrices qui ont meurtri l'Angleterre, les Etats-Unis et l'Italie. La candidate de gauche apportait avec elle un véritable nouveau souffle démocratique, un changement salvateur de nos modes de fonctionnement politiques, un renouveau idéologique qui voulait tirer le meilleur parti des réussites des social-démocraties du Nord de l'Europe et de certains éléments réussis de la politique de Blair, sans compter que son élection aurait pu tourner la page d'un certain modèle patriarcal sexiste qui, donc, a encore 5 ans de répit devant lui.
Quand une élection a de l'importance et de la valeur, elle amène aux urnes. Notre système est si verrouillé que la dernière d'une telle importance remontait à 1981. La démocratie française se meurt et la gauche devra travailler très dur ces cinq prochaines années pour la renouveler la réinventer, et la porter en 2012, après ces cinq années de tunnel qui nous attendent, faites de restriction des libertés, de politiques clientélistes inefficaces et de renoncement à des valeurs d'humanisme que l'on ne devrait pourtant jamais oublier.
Dans le Rhône, la vague bleue a été écrasante, légèrement plus forte, même, que celle de 1993 qui avait produit une Assemblée Nationale ne comptant qu'une soixantaine de Députés PS. Heureusement, nationalement, la défaite, quoi que cinglante, est plus honorable. Assez similaire, visiblement, à celle de 2002. Alors qu'à l'époque, la Présidentielle avait été perdue moins sur un bilan (recul du chômage - la droite n'a réussi depuis qu'à le faire revenir au niveau alors atteint après une nouvelle augmentation, équilibre des comptes du pays et de la Sécurité Sociale, avancées de la qualité de vie avec les 35 heures, progression de la société avec le Pacs...) que sur une campagne lamentable, une personnalité anti-empathique, et une surdité effarante et condescendante face à un gigantesque besoin d'écoute. La France de 2002 ne détestait pas sa gauche, celle de 2007 non plus. Même si elle s'est fourvoyée à croire que nos acquis sociaux étaient inébranlables et qu'on pouvait donc se permettre de leur faire violence, et à penser que le voisin est la cause de ses problèmes.
Bref, dans ce contexte local particulièrement difficile pour la gauche, dans cette circonscription Boulevard pour la droite que Barre remportait en 93 au premier tour, Dominique Perben, pourtant quasi seul à droite (le MPF de Villiers et le FN font des scores très faibles), est mis en ballottage loin des 60% que Sarkozy rassemblait sur son nom à la Présidentielle. La présence de Najat Vallaud-Belkacem au second tour dimanche prochain est un signe tant de la réussite de sa campagne, menée sur tous les fronts et sur un rythme hallucinant, que du rejet de Perben, pour qui même une partie de la droite ne peut se résoudre à voter. Il sera élu député dimanche prochain -- il a justement choisi cette circonscription parce qu'elle lui assurait l'élection sans même qu'il ne fasse campagne. Mais les résultats du premier tour, à confirmer dimanche prochain, portent en eux le signe de sa défaite aux prochaines Municipales.
Ça fait au moins une bonne nouvelle.
Autre enseignement de cette élection : les partis alternatifs se sont suicidés en s'entêtant à la Présidentielle. Les scores du PC et surtout des Verts sont catastrophiques. Au delà d'une petite valeur symbolique, aujourd'hui, ces partis n'existent plus.