Quinzaine des Fiertés, épisode 3: Jerry, Houston, Texas
Vendredi, nuit du cinéma gay et lesbien.
Je ne suis pas allé voir le premier film, Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier. Il y avait le buffet à préparer, et je ne suis pas le plus grand fan du monde d’Almodovar. Le film était commencé depuis une petite demi-heure quand est arrivé en vélo un grand Black à vélo. Il demande si quelqu’un sait parler Anglais. Je m’avance. Il me dit qu’il a aperçut des affiches pour l’événement la veille, n’a pas tout compris, forcément, puisqu’elles étaient en Français. Je lui explique donc ce qu’il en est.
Après avoir hésité un instant – le premier film est en Espagnol sous-titré Français, le second en Français, seul le troisième en Anglais sous-titré Français – il décide finalement de rester parce qu’il est fan d’Almodovar. En ressortant du premier film, après le buffet, il m’expliquera qu’il n’avait jamais vu ce film là, et qu’il lui faudra donc le louer quand il sera de retour chez lui.
Il s’appelle Jerry, de Houston, Texas. Il m’explique qu’il est en Europe principalement pour faire du tourisme. Il est déjà passé par Amsterdam et Paris. Il devait aller à Lyon, cette fois pour raisons professionnelles, et n’avait prévu de n’y passer qu’une seule journée. Mais il est tombé amoureux de la ville et à choisit d’y passer finalement le reste de son séjour en France, avant qu’il ne parte pour l’Italie.
Je lui explique que moi-même je suis venu ici passer 6 jours de vacances deux ans et demi plus tôt qui me décidèrent à y revenir poser définitivement mes valises deux mois plus tard. Nous parlons un peu de Lyon. Il me parle un peu du Texas. Après Drôle de Félix, le deuxième film, il m’expliquera qu’il avait déjà vu des morceaux du film, qu’il avait loué, mais devant lequel il s’était endormi. Je lui raconte un peu ce qui s’y passait. Globalement, il avait bien suivi juste avec l’action et les expressions, sans comprendre les dialogues. Il est content d’avoir fait cet expérience étrange de regarder un film dans une langue étrangère sans sous-titres. Je lui raconte que cela se rapproche de ce que j’ai vécu à l’époque où j’ai commencé à me faire envoyer des cassettes de X-Files par dessus l’Atlantique. J’ai mis quelques semaines et des visionnages répétés avant de commencer à y comprendre quelque chose. It fells like another lifetime...
Là, maintenant, tout de suite, je suis bien content de comprendre l’Anglais parfaitement. Mon expression orale me frustre un peu : elle est trop maladroite. Si seulement j’avais l’occasion de parler un peu l’Anglais... Je l’écoute et le lis beaucoup, je l’écris relativement régulièrement (quoi que moins ces derniers mois, j’ai perdu, là aussi) mais le parler, ça ne m’arrive pratiquement jamais.
La dernière fois, c’était en mars à Paris, le dernier jour des assises de mOules-frItes, quand Olivier et moi avions partagé notre chambre de l’auberge de jeunesse le dimanche soir avec un Américain de Los Angeles et un Anglais du Nord dont l’accent incroyable m’avait d’ailleurs posé pas mal de problèmes. Le plus frustrant quand je parle, c’est que j’entends toutes mes fautes et mon accent pourrave, mais que les corriger avant de les dire mobiliserait une concentration qui me détacherait de la conversation.
Les choses s’améliorent d’ailleurs au fil de la soirée. Ça vient vite, en fait. Faudrait que je trouve le moyen de m’y mettre, il y a sûrement des occasions que je rate.
Anyway, Jerry est parti à l’issue de Félix, trop fatigué pour Boys don’t cry (superbe film, au passage). Il devait en outre prendre un train pour Paris à 10h, où il voulait quand même retourner puisque le Louvre était fermé quand il a voulu y aller en début de semaine. Et le soir, il embarquait dans un train de nuit pour Rome. Ça m’a fait plaisir de croiser ce visage là de l’Amérique, si curieuse de tout et ouverte au monde.
Le reste de la soirée s’est très bien passée également. J’ai adoré Boys don’t cry que, contrairement à Drôle de Félix, je n’avais jamais vu. Ensuite... Ensuite il y a eu pas mal de discussions, et la visite nocturne de la cabine de projection. Mon regard amusé sur mes potes totalement bourrés qui bavaient jusqu’à l’assèchement sur le projectionniste hétéro aux jolis yeux.
On me demande souvent, puisque je ne bois quasiment jamais d’alcool, si c’est pas trop chiant d’être parfois le seul mec « clair » de la soirée. Croyez-moi, c’est drôle aussi, parfois...