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15 Jun

Un Dallas vraiment de 2012: premier avis sur le reboot

Publié par Sullivan Le Postec  - Catégories :  #Séries, #Dallas, #Critiques, #Soap, #Cynthia Cidre, #David Jacobs

Dallas était de retour mercredi soir aux États-Unis sur la chaîne câblée TNT. Les deux premiers épisodes diffusés à la suite dans un bloc de deux heures ont réuni la meilleure audience pour un lancement de série sur le câble cette saison. Évidemment, il faudra que ces chiffres se maintiennent dans les semaines à venir, mais ce retour a déjà démenti les pronostics des sceptiques.

Mieux, la série elle-même se révèle une bonne surprise. Cynthia Cidre, qui a développé cette suite, vingt ans après l’arrêt de la série originale, a parfaitement bien réussi à donner un ton à sa version, et à maîtriser celui-ci. C’était la raison première des échecs de pas mal de retour récents d’anciennes séries à succès.

Son axe est d’exploiter la nouvelle génération de personnages, les deux fils apparus dans la première série, bambins dans les années 80: à la fin de Dallas, Christopher et John Ross avaient 8 et 10 ans, ce qui permet facilement de faire d’eux les personnages au centre de la version 2012. Cidre a d’ailleurs mis un point d’honneur à respecter la continuité de la série originale – même si, en revanche, les deux mini-séries suite des années 90 ont été mises de côté.

Dans ces premiers épisodes, Cynthia Cidre exploite à plein un paradoxe pour en faire son axe central. Dallas était entièrement centrée sur la famille. Rares étaient les personnages principaux à ne pas porter le nom Ewing, au moins par mariage. Et tout ce petit monde, les patriarches Jock et Elie, JR et Sue Ellen, Bobby et Pamela, et la nièce Lucy, vivait dans la même maison, le ranch de South Fork. Une situation déjà limite absurde il y a trente ans. Mais en 2012 ?
Non seulement Cidre en tient compte – tant John Ross Jr que Christopher vivent de façon indépendante, dans des buildings avec vue de Dallas – mais surtout elle en fait son thème, et le clivage qui sépare la vieille garde de la nouvelle génération. Car pour autant qu’il ait aligné les mauvais coups contre son frère pour rester le leader, JR a toujours gardé à cœur la valeur de la famille et du clan. Mais il a engendré un fils à qui il a appris l’art des coups-bas mais qui, en bon enfant du XXIe siècle et rejeton de l’Amérique hyper-individualiste, considère la famille comme une valeur morte. Les bases d’un conflit pouvant nourrir un soap un long moment sont posées.

L'ancienne génération...

L'ancienne génération...

Le Pilote du nouveau Dallas n’est pas parfait, alourdi par une volonté d’expliquer beaucoup de choses sur le passé et les relations entre les personnages via les dialogues. Les deux jeunes cousins Ewing ont ainsi une tendance assez agaçante à s’insulter en se déclamant leur background. Jesse Metcalfe se confirme comme un acteur très médiocre (si les scénaristes le déshabillent souvent, on fermera les yeux. Enfin, non, justement, on les gardera ouverts), tout comme l’a toujours été Patrick Duffy. En revanche, Larry Hagman démontre bien vite comment il a pu si vite, à la fin des années 70, voler la vedette à celui qui devait être le héros de la série. La séquence du réveil du vieux lion, qui flaire le baril de pétrole et l’occasion de rebattre les cartes à son avantage, décidant alors de sortir de sa retraite, est mémorable. Mieux, et plus surprenant, Josh Henderson s’impose comme un possible successeur à la hauteur, dans sa façon de maîtriser un jeu sur le fil, qui montre à la fois toute la corruption de son personnage, mais aussi ses failles et son humanité.

Certaines ficelles sont très grosses -- comme celle de le même femme pour laquelle battent les cœurs des deux héritiers Ewing -- mais elles offrent des bases de départ solides, qu'il s'agira surtout de réussir à approfondir.

...et la nouvelle

...et la nouvelle

Dallas 2012 peut encore se perdre en route. Le nombre réduit d’épisodes commandés par la chaîne – 10 – est tout autant une bénédiction qu’une malédiction. Il permet d’avoir plus de temps pour écrire et creuser les thèmes. Mais il peut aussi pousser à aller trop vite dans les intrigues, au risque de céder à certaines outrances du soap. Le deuxième épisode donne certains signes en ce sens. On jugera à la fin de l’été mais on peut se dire qu'on aura au moins un divertissement honnête à se mettre sous la dent, si la série n'arrive pas à tenir sa promesse d'offrir encore plus que cela.

En tout état de cause, les premiers pas de cette version contemporaine sont déjà meilleurs que beaucoup de ce que la série a offert dans les années 80. La satire initiale de l’enfer du capitalisme, commencée dans les années précédant l’élection de Reagan, s’est à l’époque très vite perdue dans des retournements répétitifs et creux, le talent du créateur David Jacobs n'ayant jamais été remplacé après son rapide départ.

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