Une campagne chasse l'autre: quand y'en a plus, y'en a encore
La campagne électorale en cours -- parce que oui, figurez-vous qu'il y a une campagne électorale en cours, c'est traité en page 37 de vos journaux -- prouve bien à quel point l'inversion du calendrier électoral fut une décision d'une grande bêtise et, à vrai dire, un crime contre la démocratie. Oui, je suis d'humeur lyrique. Et oui, je sais que ça a été mis en place sous la gauche, mais c'est pas d'hier que j'ai commencé à dire du mal de Jospin, hein.
Comme c'est donc la nouvelle tradition depuis 2002, les législatives vont donc confirmer -- tendance tsunami -- le parti élu la Présidentielle. Qui pourra alors clamer sa légitimité pour appliquer son édifiant programme économique : prendre aux pauvres (augmentation de la TVA, franchises sur les soins) pour redistribuer aux plus riches, ceux dont l'ISF sera supprimé par le bouclier fiscal et qui pourront acheter des apparts en déduisant les intérêts de leur impôts sur le revenu (que 50% de français ne payent pas car ils ne gagnent pas assez).
Plus riches dont on sait qu'ils consomment peu ou pas en France. C'est donc du pur cadeau fiscal électoraliste. Économiquement tout le monde sait que ça ne sert à rien -- ou alors à faire par exemple flamber les prix de l'immobilier, on ne savait pas que c'était un objectif du gouvernement.
Pendant ce temps là, la dette va se creuser. Le trou de la sécu aussi, mais là, la franchise va dégoûter les gens et la droite pourra prétendre dans quelques années que c'est du peuple que viendra la demande de sa suppression pour la remplacer par des assurances privées à l'anglo-saxonne. Et dire qu'on accuse la gauche de gouverner par idéologie.
D'ailleurs, vous savez quand, en France, l'équilibre du budget et l'équilibre des comptes de la Sécu ont été presque atteint ? Sous Jospin en 1997 - 2002. So much pour la soit-disant incompétence économique de la gauche !
Je vais en surprendre quelques uns, peut-être même en décevoir quelques uns, mais je dois vous dire que j'ai rejoint l'antre de la Bête. C'est à dire que je suis désormais inscrit dans ma Section de Parti Socialiste.
Me voilà en campagne pour les législatives, entre le boulot et Le Village. Une campagne d'autant plus agréable à mener que, dans ma circonscription, le choix est on ne peut plus clair. La candidate du PS est Najat Vallaud Belkacem (qui fut l'une des trois porte-paroles de Ségolène Royal), une jeune femme épatante qui sait trouver son chemin entre ce le refus de la langue de bois et ce qu'il faut de conscience politique. En face, Dominique Perben, que j'ai donc le malheur de croiser régulièrement dans le quartier. L'incarnation de ce qu'on a plus envie de voir en politique, parachuté à Lyon dans l'espoir de conquérir la ville aux prochaines Municipales, malgré le tintamarre à chacun de ses pas provoqué par ses casseroles Chalonaises.
Pour faciliter sa prise de Lyon, il s'est auto-affecté la 4ème Circonstription de la Ville, où le sortant UMP a été élu il y a 5 ans avec 65% des voix. C'est que vous ne voudriez pas que Perben prenne des risques non plus. Le sortant en question, Christian Philip, n'était pas exactement de cet avis, mais, convoqué par Sarkozy et soumis au traitement carotte et bâton, il a finalement accepté de se retirer il y a à peine un mois, avant de quitter Lyon jusqu'au 17 juin tellement il refuse de supporter Perben de quelque façon que ce soit.
Au deuxième tour, le 6 mai, Sarkozy a réuni dans cette circonscription 60% des voix.
Autant dire que la Victoire de Najat est malheureusement improbable. Mais l'objectif clair est de réduire au maximum de score de Perben par rapports à ces deux précédents, 65 et 60%. Si c'est le cas, cette victoire acquise dès le départ révélera surtout l'insuccès de sa greffe lyonnaise et risque de diviser la droite sur l'opportunité de s'entêter à présenter ce déplaisant personnage. Qui s'accrochera jusqu'au bout.